Depuis plusieurs années maintenant, je m’intéresse aux diverses théories du complot, à leurs origines, à la façon dont elles se répandent. Elles me font sourire, m’amusent par leur diversité, leur extravagance. Elles sont souvent séduisantes, souvent faciles à comprendre et elles viennent mettre à mal le fondement de nos sociétés. Et si j’en connaissais certaines, j’ai été très surpris par leur nombre, par la multiplicité des sujets qu’elles viennent interroger.
Je pensais que ces théories relevaient plus du fantasme, de la fantaisie, de la légende urbaine amusante et relativement inoffensive et que peu nombreux pouvaient tomber dans de tels panneaux.
Le 7 janvier 2018 la Fondation Jean Jaurès et Conspiracy Watch publient les résultats d’une étude qui fait froid dans le dos : près de 80% des interrogés disent croire à au moins l’une des théories proposées. Parmi elles : les remises en cause des attentats du 11 septembre, ceux de Charlie Hebdo, le fait que l’immigration soit orchestrée par des gouvernements pour le remplacement d’une civilisation par une autre, les américains n’ont jamais marché sur la lune, la remise en cause du réchauffement climatique..Il y apparait même que 9% des personnes interrogées pensent que la terre est plate. Et plus les personnes interrogées sont jeunes, plus elles semblent nombreuses à adhérer à l’une ou l’autre de ces
théories.
Depuis peu, j’ai découvert que de nombreuses personnes tentaient de les démonter, point par point, argument par argument. Ces gens sont souvent brillants dans leur démonstration mais quand il ne suffit que de quelques minutes pour avancer une théorie du complot, il faut souvent plusieurs heures pour tenter de les réfuter.
Or, nous ne sommes plus, si nous l’avons déjà été, dans un monde qui supporte d’écouter une démonstration de
plusieurs heures, aussi brillante et salutaire soit-elle.
Je me dis alors que si nous ne pouvons pas, ou très difficilement, lutter contre l’une ou l’autre de ces théories, et qu’il
nous faut donc travailler à la source, travailler à aiguiser nos esprits pour que, face à de telles affirmations, ils
deviennent critiques.
Je veux donc initier un cycle de créations autour de l’esprit critique en général et des théories du complot en
particulier : ERATOSTHÈNE.
Pendant longtemps j’ai cru que l’humanité avait découvert que la terre était ronde au moment de la Renaissance. Or,
en me penchant sur la théorie de la Terre plate, j’ai découvert, grâce aux vulgarisateurs scientifiques, l’existence
d’Eratosthène, le premier homme à avoir mesuré la circonférence de la terre au IIIe siècle avant notre ère.
Et je relis Animal Farm, A Fairy Story, de George Orwell.
Ma première rencontre avec l’écriture d’Orwell remonte à quelques (dizaines d’) années lorsque, adolescent, je
découvre la littérature d’anticipation et que je me plonge dans 1984. Fasciné par ce roman, par sa vision critique
du monde actuel et à venir, j’entreprends de lire plusieurs de ses œuvres dont Animal Farm, A Fairy Story.
Je relis Animal Farm, A Fairy Story, ainsi que ses Écrits Politiques (1928-1949) dans lesquels apparait, lors d’une
correspondance sur la signification de ce texte, une notion chère à Orwell : « les masses vigilantes ».
Et c’est pour moi une évidence, cet apologue dystopique sera ERATOSTHÈNE I, le point de départ de ce travail et la première de plusieurs créations théâtrales ayant pour pivot central la question du développement de l’esprit critique en lien avec les théories du complot.
Pour ce cycle de créations, je souhaite travailler avec un auteur, une autrice, mais aussi avec des universitaires et
même des vulgarisateurs scientifiques. Pour La Ferme des animaux (titre provisoire), je veux travailler avec Marilyn Mattei à une théâtralisation de cette fable animalière.
J’ai rencontré le travail de Marilyn Mattei il y a quelques années au cours de lectures de textes et plus profondément en 2019 lors d’un projet d’actions culturelles mené par la compagnie, Carte Blanche autour du texte L’Ennemi Intérieur.
J’ai très vite été frappé par la capacité de sa langue à s’adresser à un public adolescent par une rythmique rapide,
tranchante, sans jamais tomber dans des facilités de langage. J’ai enfin été convaincu de lui demander de travailler
avec moi en découvrant qu’elle avait déjà l’habitude de travailler avec des équipes à des commandes ou des
adaptations de romans.
Clément Arnaud
J’ai proposé à Marilyn Mattei de travailler à la réécriture, à la théâtralisation de ce roman en y apportant sa langue, sa vision tout en l’adaptant à la spécificité esthétique de la compagnie, le théâtre cinémarionnettique.
Nous développons, depuis plusieurs années et au travers de quatre créations maintenant des formes artistiques à mi-chemin entre théâtre et film d’animation animées sur rétro-projecteurs en direct sur scène et dont tous les éléments sont visibles du public. Le spectateur assiste donc autant au film projeté qu’à sa construction en direct par la manipulation des marionnettes, le changement des plans etc…
Rendre visible, et donc dénoncer, tous les mécanismes dont nous nous servons pour animer ce film entre, pour moi, particulièrement en résonance avec un texte qui tend à démontrer les mécanismes du complot à l’œuvre dans la fable.
Au plateau, un comédien et une comédienne se partageront le texte pour faire vivre tous les personnages, ils seront également les manipulateurs des marionnettes et des décors sur les rétro-projecteurs.
// à partir de 12 ans – durée estimée 1h15 //
Production : Traversant 3
Coproduction : La Tribu Jeune Public (Fonds de soutien PACA) – Le Pôle, Théâtre de Grasse, Scènes et Cinés, Théâtre Massalia, Théâtre en Dracénie, Aggloscènes Forum Fréjus, Le Totem.
La Coloc’ de la culture – Cournon d’Auvergne (63), scène conventionnée d’intérêt national « art, enfance, jeunesse »
Le Polaris – Corbas (69)
Le MeTT – Teil (07)
Le Quai des Arts – Rumilly (74)
Partenaires de production :
Théâtre de Privas (07)
Saint-Martin d’Hères en scène (38)
Théâtre Antoine Vitez à Aix en Provence (13)
Avec le soutien de la DRAC et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes
Mise en scène : Clément Arnaud
Création graphique : Rodolphe Brun
Création sonore : Julien Lafosse
Création lumière : Ludovic Bouaud
Scénographie : Marion Gervais
Construction décor : Pierre Josserand
Production : Audrey Vozel
Avec : Élise Combet, Robert Magurno et Yonnel Perrier
// Crédit image : Rodolphe Brun //
16 décembre 2022 – 20h30 – Polaris à Corbas (69)
15 décembre 2022 – 14h00 – Polaris à Corbas (69)
13 décembre 2022 – 10h00 & 14h00 – Théâtre de Privas (07)
10 décembre 2022 – 19h00 – Théâtre Massalia à Marseille (13)
9 décembre 2022 – 14h30 & 19h00 – Théâtre Massalia à Marseille (13)
8 décembre 2022 – 9h45 & 14h30 – Théâtre Massalia à Marseille (13)
29 novembre 2022 – 14h30 & 18h30 – Théâtre Antoine Vitez à Aix en Provence (13)
25 novembre 2022 – 10h00 & 14h30 – La Coloc’ de la culture à Cournon d’Auvergne (63)
24 novembre 2022 – 20h00 – La Coloc’ de la culture à Cournon d’Auvergne (63) | Création
Si vous souhaitez davantage d’informations, merci de nous contacter à l’adresse admin@traversant3.com.